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Le bombardement

Le 3 septembre 1944, Telgruc vit son premier dimanche de liberté depuis quatre ans. Le temps est au beau fixe, et l'aviation alliée est très active dans le ciel.
Les Gl's cantonnés dans le bourg, prédisent à l'ennemi, une désagréable journée. Les Thunderbolts américains volent au ras des pâquerettes.
Vers 9h 30, quatre chasseurs-bombardiers américains pilonnent leurs propres lignes. Tout ce qui roule est détruit (ambulance, Jeep, hall-tracks).
Personne cependant n'est touché. Quelques instants plus tard, une première escadrille de forteresses volantes, déverse à basse altitude son chargement de bombes. Une seconde l'imite immédiatement. C'est le drame. Telgruc est complètement rasée. Telgruc n'est plus qu'un tas de ruines, d'où n'émergent que le clocher et quelques pans de mur. Dans ce décor apocalyptique, 108 morts et des dizaines de blessés.

La reconstruction

Dans le bourg rapidement relevé de ses ruines, agrandi et embelli, l'église paroissiale se dégage élégamment au milieu d'un enclos,où l'on accède du côté sud en passant sous un arc de triomphe du XVIIe siècle . On remarque bien vite que l'édifice n'est pas d'une seule venue. C'est que l'ancienne église, qui datait de la fin du XVIe siècle, a été entièrement détruite par le bombardement du 5 septembre 1944.
Le 3 septembre 1944, Telgruc sous les bombes

Le 3 septembre 1944, TELGRUC SOUS LES BOMBES

Le 3 septembre 1944, l'aviation américaine bombarda (par erreur ?) le village de Telgruc en semant la terreur et la désolation, tuant 50 de ses habitants, et autant de soldats américains ! Marie Bideau raconte cet épisode terrible de la libération de la presqu'île du joug nazi.
 
Telgruc, charmante cité adossée au versant occidental du Ménez-Hom baigne dans la baie de Douarnenez ses falaises (le schiste et grés crètées d'ajoncs et de bruyères. Paisible était la vie de ses 1800 habitants. Presque tous fiers laboureurs, en dehors des citadins : quelques commerçants et artisans, un bureau de poste, Une mairie vieillotte ; tous groupés autour de la place avec son église et son presbytère. Un peu à l'écart, les deux écoles.

 

Tout ce qui constitue l'âme d'une cité où les hommes aimaient à se retrouver le dimanche, au sortir de la messe, devant une consommation dans un café, histoire de bavarder un peu, tandis que leurs épouses, papotant, le bras passé dans l'anse du léger panier noir des jours de sortie, faisaient leurs petits achats hebdomadaires.

 

Une vision d'apocalypse

 

Et soudain, faisant de cette vie calme une vision d'apocalypse, en ce dimanche 3 septembre 1944, en quelques minutes le ciel de cet été finissant s'emplit du vrombissement des bombardiers de l'armée Américaine. Par quelle aberration — nul ne l'a vraiment compris — déversaient-ils, tout à coup leur chargement de bombes sur la petite bourgade? D'autant que stationnaient là, justement des militaires américains...
En quelques instants, ce fut l'horreur. Les maisons s'écroulaient sous les bombes. 

 


Des secours impuissants

 

Des gens fuyaient, éperdus, cherchant une sécurité hypothétique dans les abris souterrains prévus en pareil cas ; dans lesquels d'ailleurs périrent de nombreux habitants. D'autres furent touchés par des éclats ou des impacts de balles sous les tirs des soldats américains qui ripostaient à cette attaque folle de leurs propres concitoyens. Les gravats emplissaient les rues, les rendant impraticables aux sauveteurs qui accouraient.
 
Des groupes de résistants se trouvaient sur place, joints aux troupes alliées dans les combats contre les allemands et s'activaient à ramasser les morts et évacuer les blessés vers les rares voitures de la Croix Rouge. Peu ou pas de médecins. Dans les mêmes temps, toujours en Presqu'île, l'aviation Canadienne jointe a celle d'Amérique semèrent le malheur à Lanvéoc où le cimetière fut mitraillé, faisant 18 morts. A 6 kms de là, Crozon également, enterra 15 de ses entants. 
 
Telgruc, ravagé, pensera  aussi ses plaies, mais portera en terre 50 de ses habitants et autant de soldats américains. Emergeant du désastre, debout parmi les ruines du village, le vieux clocher de granite - en attendant sa restauration - fera quelque temps encore entendre sa voix, timidement, comme on laisse glisser des pleurs. 
Marie Bideau
 

 

A TELGRUC, ViLLAGE MARTYR 


Je te retrouve enfin... ô mon petit village,
Au flanc de la colline où se dorent les toits.
Quel souffle furieux a fait tourner les pages
Du livre des souvenirs que je gardais de toi.
Que sont donc devenues les anciennes demeures
Dont chaque pierre autrefois murmurait doucement. Fallait-il qu'ainsi, brusquement, elfes meurent...
Si tendres étaient leurs voix. à mon âme d'enfant.
Dressé vers la rue, dans le ciel de septembre,
Seul, le vieux clocher tel un berger sans troupeau,
Tel un corps immolé et privé de ses membres
Témoin silencieux, pointe son obscur flambeau.
Si pendant quelque temps s'est tue sa voix d'airain Emplissant le silence. quand tintait l'Angélus.
A l'oreille attentive un clocher plus lointain
Egrène sur le vent. ses clairs accents émus...
Ton âme était-elle des vieux murs prisonnière.
Ou a-t-elle fui les dernières innovations
Dans ce monde grisé ou tout semble éphémère
Se cache le ferment des proches floraisons.
Je garderai au fond de moi le souvenir
Ineffaçable de ton visage d'antan
Si chaque saison, la rose doit refleurir
Qu'elle renaisse encore au coeur de tes entants.

 

Marie Bideau. 1956.

 
A l'angle de la place du 19 mars 1962 s'élève, jouxtant le mur du cimetière, dans l'ombrage d'un figuier emblématique, une stèle rappelant à la postérité que lors de ces terribles événements, une petite ville marocaine Sidiyaya du Garb apporta son soutien et son aide généreuse aux Teigniciens désemparés.

 

Mention d'honneur aux "Jeux Floraux de Bretagne" 

Destruction du bourg de TELGRUC EN 1944, un déluge de bombes

Un déluge de bombes

Photo : EOST

Article : Corentin GUENOLE

Et ce fut un déluge de bombes qui s'abattit sur le centre de Telgruc. Ce fut d'une précision mathématique. Le centre bourg avait vécu.

Le 3 septembre 1944, au moment où les alliés libéraient la Presqu'île, Telgruc fut bombardée et complètement détruite par l'aviation alliée. 

Le 6 juin 1944. Date à jamais ancrée dans notre mémoire collective. Il faisait beau ce jour-là  en Bretagne. Dès le matin, on entendait au loin, mais très loin un grondement sourd venant du nord-est. Dans la journée, grâce à la T.S.F (radio Londres) nous fûmes prévenus du débarquement des alliés en Normandie. Il s'ensuit une période assez difficile à supporter. Les Allemands furent remplacés par des Russes blancs pour occuper les points stratégiques du mur de l'Atlantique. Une seule activité : faire le gros dos et attendre. Vers le 10 août, une batterie allemande située à Telgruc (côte 131-le Kléguer) crache régulièrement ses obus vers l'Est. Nous supposions que cette canonnade était destinée aux maquisards ou aux troupes de libération. Dans le même temps, les forteresses volantes alliées venant du Sud (de manière à ce que leurs bombes lâchées elles puissent regagner l'Angleterre) passaient régulièrement au-dessus de nos têtes vers Brest et la base sous-marine.
 
Je me souviens des premières vraies nouvelles. Elles nous furent communiquées, vers le 25 août, par des habitants de Plomodiern revenant à pied de Crozon. Ils avaient été réquisitionnés, avec chevaux et charrettes, par les troupes d'occupation, pour transporter armes et munitions vers la Presqu'île. D'après eux, les occupants décrochaient devant l'avance des troupes alliées et établissaient un nouveau front de l'Aber au Poulmic en passant par Tal-Ar-Groas et Saint-Efflez. Ainsi, le 1er septembre 1944 vers 17 heures, quelques éléments de la Résistance firent leur entrée au bourg de Telgruc, suivis de peu par les unités régulières de l'armée américaine. Le 3 septembre, le long de la plage de Trez-Bellec, sur la crête du Ménez-Caon et dans le bourg, stationnait un nombre impressionnant de chars d'assaut alliés appuyés par des troupes au sol. Bientôt, une escadrille de 13 bombardiers alliés lâchait une série de bombes le long de la plage, suivie aussitôt d'une deuxième et troisième série, épargnant toutefois les villages du Caon et de Kergariou, mais faisant deux victimes civiles. Cette attaque entraîna une débandade effrénée des troupes américaines vers le bourg. Nous-mêmes, sérieusement choqués par l'effet de souffle faisant voler les carreaux et les toitures, n'avons eu d'autres solutions que d'occuper les abris abandonnés par l'occupant replié sur Crozon. Le pilonnage terminé, ce fut au tour des mosquitos de la R.A.F débouchant à très basse altitude derrière le Menez-Luz de mitrailler rageusement les décombres. Nul doute que certaines personnes voulant porter secours aux victimes dès la fin du bombardement ont été fauchées dans leur élan en ces dernières minutes tragiques.
 
Le bilan de ce carnage une soixantaine de soldats américains, une quarantaine de résistants et 30 victimes civiles dont les noms figurent sur le monument aux morts de la commune. Comment cela a-t-il pu se produire?: Soit l'aviation alliée a reçu l'ordre de bombarder Telgruc croyant le bourg toujours occupé par l'ennemi à la date et à l'heure fixée. Soit l'aviation alliée a fait erreur avec Tal-Ar-Groas, à peu près à la même altitude, où stationnaient les Allemands. D'autres renseignements plus précis même 55 ans après seraient les bienvenus.
 
Corentin Guénolé 
 
Telgruc bombardé 108 morts

TELGRUC bombardé 108 morts

Le 3 septembre 1944, Telgruc vit son premier dimanche de liberté depuis quatre ans. Le temps est au beau fixe, et l'aviation alliée est très active dans le ciel.
Les Gl's cantonnés dans le bourg, prédisent à l'ennemi, une désagréable journée. Les Thunderbolts américains volent au ras des pâquerettes.
Vers 9h 30, quatre chasseurs bombardiers américains pilonnent leurs propres lignes. Tout ce qui roule est détruit (ambulance, Jeep, hall-tracks).
Personne cependant n'est touché. Quelques instants plus tard, une première escadrille de forteresses volantes, déverse à basse altitude son chargement de bombes. Une seconde l'imite immédiatement. C'est le drame. Telgruc est complètement rasée. Telgruc n'est plus qu'un tas de ruines, d'où n'émergent que le clocher et quelques pans de mur. Dans ce décor apocalyptique, 108 morts et des dizaines de blessés, civils français, résistants et soldats américains.

Douloureuse méprise
Cette inexplicable méprise jette un froid entre les forces américaines et les résistants français. Le colonel Eon, chef des FFI, proteste violemment auprès du général Middleton.

" Mes conclusions sont les suivantes quant aux résultats à attendre de ces procédés d'attaque :
A- Efficacité terrifiante sur les unités à découvert et plus encore sur maisons d'habitation et les populations civiles ;
B- Efficacité absolument nulle sur les ouvrages de fortification même faiblement enterrées ;
C- Absence complète d'intelligence tactique de la part des formations américaines considérées.
Si ces civils n'ont pas d'uniforme, ils sont néanmoins vos soldats et ont droit d'attendre de vous une autre récompense que celle d'un massacre général ".

Cet article est issu du Télégramme et signé J.G.

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